Pourquoi j’utilise les dessins d’enfants lors de mes consultations ?
- barbaradupriez
- 30 sept. 2022
- 3 min de lecture
Saviez-vous que toutes les ONG emmènent du papier et des crayons sur les lieux de catastrophe (Guerre, famine, Tsunami…) ? En effet, il a été démontré que tout traumatisme dessiné dans les 48h ne s'engrammera pas dans le corps. Cela ne veut pas dire qu’il n’aura pas existé, mais simplement qu’il deviendra un souvenir. Peu importe ce que l’enfant dessinera, l’idée est juste qu’il laisse sortir ce qu’il y a dans son corps, son inconscient.
C’est dans ce cadre que je propose aux enfants de dessiner dans mon cabinet : pour laisser l’inconscient me dire ce que l’enfant ne veut/peut/ose pas exprimer.
Soyez toutefois vigilant : tous les dessins ne sont pas à interpréter.
En effet, il y a des dessins qui sont faits pour faire plaisir aux parents (fête des mères, anniversaire…). Ceux-ci ne laisseront pas la place à l’inconscient puisque l’objectif est de faire plaisir.
Afin d’illustrer cet article, vous trouverez ci-dessous un dessin fait par un de mes clients. Celui-ci, jeune adolescent, devait dessiner sa famille (parents divorcés). De gauche à droite, il a dessiné sa sœur, lui, sa maman, son beau-père et son père.

Je commence toujours par regarder le dessin dans sa globalité.
Quelle impression il me donne ? Est-ce que cela était chouette pour l’enfant de dessiner ?
Est-ce qu’il s’est dessiné ?
Si pas, je lui demanderai toujours : « et toi, si tu étais là, où serais-tu ? ». Un enfant qui ne se dessine pas nous montre qu’il n’arrive pas à trouver sa place dans son clan, qu’il s’oublie. Cela arrive souvent après la naissance d’un nouvel enfant. Dans mon exemple, l’adolescent s’est bien dessiné, mais n’a pas dessiné sa sœur de 4 mois (du côté de sa maman) qui était pourtant présente dans mon cabinet en même temps que lui, et n’a pas dessiné sa belle-mère ni la fille de celle-ci.
Accepte-t-il la naissance de sa petite sœur ? Quand bien même cela serait vrai, cela ne voudrait pas dire qu’il n’aime pas sa sœur, mais qu’il a du mal à trouver sa place avec l’arrivée d’un nouvel enfant dans la fratrie.
Quelle relation entretient-il avec sa belle-mère et la fille de celle-ci ?
3. Qui a-t-il dessiné en premier ?
Vous pourrez le visualiser en rouge, en dessous de chaque personnage, et dans quel ordre l’enfant me présente les membres de sa famille ? (En bleu, en dessous de chaque personnage).
S’il y a une discordance entre les deux, je vais chercher à comprendre pourquoi.
Ce jeune adolescent dessine sa sœur en premier, mais me parle de sa maman en premier. Y a-t’il un sentiment de jalousie envers sa sœur ? Quelle relation entretient-il avec sa maman ?
4. La taille des personnages
Tout le monde a-t-il une taille réelle ?
Dans notre dessin, le beau-père est beaucoup plus grand que tout le monde. Il a donc le sentiment qu’il prend beaucoup de place. A l’inverse, son papa est beaucoup plus petit que dans la réalité, et est à l’écart du groupe, à l’extrémité de la feuille.
Cela me montre que l’adolescent a une relation conflictuelle avec son papa.
5. Les couleurs
Chaque couleur utilisée par l’enfant a une symbolique.
Il a colorié sa maman avec une robe verte. Celle-ci symbolise la sérénité, l’équilibre, l’espérance.
A l’inverse, son père est colorié en bleu. Cela symbolise la peur, et le territoire. On en revient à la notion de place dans la fratrie.
Sa sœur est coloriée en rose. A ce stade, quand je vois le dessin, il peut avoir deux significations. Une positive comme la douceur, l’apaisement, ou au contraire, cela pourrait être le rejet, la jalousie. C’est la discussion avec l’enfant qui va me permettre de savoir comment je dois interpréter cette couleur.
Maintenant regardez comment il s’est colorié. Il a pris le temps de faire le contour de son tee-shirt et de son pantalon, mais n’a pas choisi la même couleur (comme pour son beau-père d’ailleurs). Les couleurs ne peuvent pas se mélanger. A-t’il des difficultés à gérer ses émotions ? est-il souvent sur la défensive ?
Mais qu’en est-il d’un enfant qui ne désire pas colorier son dessin ? Je chercherais à savoir comment gère-t-il ses émotions ? Accepte-t-il de ressentir des émotions telles que la joie, la tristesse, la colère ? Est-ce un enfant qui est plus dans l’intellect (dans la tête) que dans son corps.
6. Y a-t’il d’autres éléments importants ?
Avez-vous remarqué que personne n’a d’oreilles dans ce dessin ?
Est-ce qu’on arrive à communiquer dans la famille ? A s’écouter ? A entendre l’autre ?
Tous ces éléments vont me permettre de savoir comment l’enfant se sent, même s’il ne veut pas parler. Du coup, je pourrai plus facilement percevoir ce dont le corps a besoin pour travailler.
A vos crayons, essayer de dessiner votre famille ! ☺
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